PierreLyne

extraits de textes et images

Jeudi 17 septembre 2009 à 11:06

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Céline

MORT A CREDIT 13


Qu'ils crachent! Qu'ils se désossent! Qu'ils s'empédèrent! Qu'ils
s'envolent avec trente mille gaz dans le croupion!... Je m'en
tartine!... Mais la pleureuse elle m'agrafe, elle se pend vache-
ment à mon cou, elle me souffle son désespoir. Il est plein de
« rouquin »... Je suis pas de force à lutter. Elle me quittera
plus. Quand on sera dans la rue des Casses qui est longue et
sans lampe aucune, peut-être que je vais lui refiler un grand
coup de pompe dans les miches... Je suis lâche encore... Je me
dégonfle... Et ça recommence, la chansonnette. " Ma petite
fille!... Je vous en supplie, Docteur!... Ma petite Alice!... Vous
la connaissez?.. » La rue Rancienne c'est pas si près... Ça me
détourne... Je la connais. C'est après les Usines aux câbles...
Je l'écoute à travers ma berlue... « On n'a que 82 francs par
semaine... avec deux enfants !... Et puis mon mari qui est
terrible avec moi !... C'est une honte, mon cher Docteur !... »
Tout ça c'est du mou, je le sais bien. Ça pue le grain pourri,
l'haleine des pituites...
On est arrivé devant la tôle...
Je monte. Je m'asseye enfin... La petite môme porte des
lunettes.
Je me pose à côté de son lit. Elle joue quand même un peu
encore avec la poupée. Je vais l'amuser à mon tour. Je suis
marrant, moi, quand je m'y donne... Elle est pas perdue
la gniarde... Elle respire pas très librement... C'est congestif c'est
entendu... Je la fais rigoler. Elle s'étouffe. Je rassure la mère.
Elle en profite, la vache, alors que je suis paumé dans sa
crèche pour me consulter à son tour. C'est à cause des marques
des torgnioles, qu'elle a plein les cuisses. Elle retrousse ses jupes,
des énormes marbrures et même des brûlures profondes. Ça
c'est le tisonnier. Voilà comme il est son chômeur. Je donne un
conseil... J'organise avec une ficelle un petit va-et-vient très
drôle pour la moche poupée... Ça monte, ça descend, jusqu'à la
poignée de la porte... c'est mieux que de causer.
J'ausculte, y a des râles en abondance. Mais enfin c'est pas
si fatal... Je rassure encore. Je répète deux fois les mêmes
mots. C'est ça qui vous pompe... La môme elle se marre à pré-
sent. Elle se remet à suffoquer. Je suis forcé d'interrompre.
Elle se cyanose... y a peut-être un peu de diphtérie? Faudrait
voir... prélever ?.... Demain !....
Le papa rentre. Avec ses 82 francs, on se tape rien que du
cidre chez lui, plus de vin du tout. «  Je bois au bol. Ça fait
pisser! » qu'il m'annonce tout de suite. Il boit au goulot. Il me
montre... ou se congratule qu'elle est pas si mal la mignonne.
Moi c'est la poupée qui me passionne... Je suis trop fatigué pour
m'occuper des adultes et des pronostics. C'est la vraie caille les
adultes! J'en ferai plus un seul avant demain.

Mercredi 16 septembre 2009 à 18:53

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Carlos de Radzitzky (Baron Carlos de Radzitzky d'Ostrowick)

Carlos de Radzitzky (Baron Carlos de Radzitzky d'Ostrowick)

(Londres 1915 - Bruxelles 1985).
Poète, spécialiste de jazz dont il tint longtemps la chronique musicale à la radio (1945-1967).
En poésie, il se reconnut pour maître Apollinaire, Cocteau et Eluard, mais aussi R. Goffin et E. Moerman.
Dans Harminika Saloon (1934), Dormeuse (1937), Le fond de l'eau (1942), Ophélie (1955), Désert secret (1965),
sa poésie, qui recourt aux images insolites, frise à tout instant un surréalisme qu'on pourrait qualifier de classique
et dont l'inspiration est proche des collages qu'il a réalisés pour illustrer Le Commun des mortels (1973).
Il succéda (1977) à R. Goffin comme président du PEN Club français de Belgique
et consacra à son ainé des éphémérides poétiques, Les semeurs de feu (1968).


Carlos de RADZITZKY

Dormeuses

O femme descendue au milieu de la mer
Portant une blessure en forme d'oiseau blanc
Tu recrées la vague qui berce mon sommeil

Parmi tes cheveux d'algues ensoleillées
Et la douceur de l'eau qui baigne tes épaules
j'éprouve ton visage et ton cœur essentiels

Tu marches au bord des lèvres
Immédiate et confiante
Ma mémoire regagne l'horizon
Qui me sépare de moi-même
Tu t'arrêtes soudain à la lisière d'un songe
Et les roses te tressent une couronne de neige

O femme descendue au milieu de la vie
Mon aube s'habitue à ta neuve lumière
Tes yeux se ferment sur mon âme
Mes yeux se closent sur ta bouche
Et je sens ton amour comme par transparence

Mercredi 16 septembre 2009 à 18:20

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Vents d'Anges

Lundi 17 août 2009 à 11:28

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Spiritualité

Rabindranath Tagore

  1. L'offrande lyrique

XXXV


  • Là où l'esprit est sans crainte et où
la tête est haut portée ;

  • Là où la connaissance est libre ;
  • Là où le monde n'a pas été morcelé
entre d'étroites parois mitoyennes ;
  • Là où les mots émanent des profondeurs
de la sincérité ;
  • Là où l'effort infatigué tend les bras
vers la perfection ;
  • Là où le clair courant de la raison ne
s'est pas mortellement égaré dans l'aride
et morne désert de la coutume ;
  • Là où l'esprit guidé par toi s'avance
dans l'élargissement continu de la pensée
et dans l'action
  • Dans ce paradis de liberté, mon Père,
permets que ma patrie s'éveille.

Vendredi 14 août 2009 à 22:12

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La maison déserte Lydia Tchoukovskaia

"Le héros de mon récit _ que j'aime de toutes les forces de mon âme, que j'ai cherché à dépeindre dans toute sa beauté, qui fût, qui est et qui sera toujours admirable _ c'est : la Vérité."

Léon Toltoï

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