La mort est la grande leçon que le vouloir vivre et l’égoïsme qui lui est congénital, reçoivent de la part de l’ordre de la nature, et elle peut être conçue comme une punition pour notre existence.
Par elle se défait le nœud qu’avaient formé la conception et sa volupté, par elle est effacée, grâce à l’intrusion d’une force extérieur, l’erreur fondamentale de notre être : c’est la grande désillusision.Nous sommes au fond quelque chose qui ne devrait pas être, c’est pourquoi nous cessons d’être. L’égoïsme consiste au vrai en ce que l’homme borne toute réalité à sa propre personne, en ce qu’il s’imagine n’exister qu’en celle-ci, non dans les autres. La mort lui ouvre les yeux, en supprimant cette personne, de sorte que l’essence de l’homme, qui est sa volonté, ne vivra plus désormais que dans d’autres individus, mais que son intellect, qui n’appartenait lui-même qu’au phénomène, c'est-à-dire au monde comme représentation et n’était que la forme du monde extérieur, subsistera aussi dans la représentation, c'est-à-dire dans l’être objectif des choses comme tel, donc seulement dans l’être de ce qui était jusqu’alors monde extérieur. Son moi tout entier ne vit plus désormais que dans ce que jusqu’alors il avait regarder dans le non moi, car la différence entre l’externe et l’interne cesse.